Rédigé par Josée Lupien, LEED Fellow, Présidente de Vertima : Cet article traite de l’importance de la lumière naturelle pour l’être humain et comment ce facteur est pris en compte dans les certifications écologiques les plus populaires au Canada pour les bâtiments commerciaux et institutionnels.

La lumière naturelle, ainsi que son absence, jouent un rôle essentiel pour le système endocrinien humain, ainsi que pour le système immunitaire. En effet, c’est en absence totale de lumière, la nuit, que le corps humain produit en quantité optimale une hormone appelée Mélatonine. Cette hormone participe notamment au bon fonctionnement de notre système immunitaire. Toutefois, cette hormone peut aussi participer à la dépression saisonnière en pays nordique si elle n’est pas éliminée correctement du corps le matin, l’hiver. Or, c’est l’exposition à suffisamment de lumière du jour qui permet ce processus. De nombreux autres mécanismes naturels du corps sont influencés par la lumière naturelle, on peut penser à la production de vitamine D.

Il va donc sans dire que nous avons tous besoin d’une dose quotidienne de lumière naturelle et c’est d’autant plus difficile dans un pays nordique puisque le froid qui nous pousse à rester à l’intérieur augmente quasi proportionnellement avec la diminution des heures d’ensoleillement. La présence de lumière du jour, de façon réfléchie, dans nos lieux de travail, d’études et de soins est donc primordiale pour notre santé. Cela doit être réfléchi, puisque la quantité de fenêtres va avoir un impact sur l’efficacité énergétique du bâtiment (perte de chaleur, surchauffe, autonomie en éclairage, etc.) et pourrait occasionner de l’éblouissement et de l’inconfort pour les occupants.

 

La lumière naturelle et les crédits

Heureusement les certifications écologiques pour les bâtiments prévoient des exigences en ce sens. La certification LEED, avec le crédit Lumière naturelle, en synergie avec les crédits Vues de qualité et Optimiser la performance énergétique, prévoit des calculs de lumière naturelle dans le bâtiment et combine cette exigence à des contrôles de l’éblouissement. Les calculs prennent en compte plusieurs facteurs, tels que l’aménagement intérieur, la couleur des finis, la transmittance des vitrages, la position et la quantité de fenêtres, l’orientation du bâtiment, l’emplacement du bâtiment, etc. L’objectif étant de démontrer que la quantité de lumière naturelle est d’au moins 300 lux pour les espaces régulièrement occupés, sans avoir trop d’éclairage naturel. Les calculs sont réalisés par simulation informatique, pour un supplément d’information, consultez le Credit Library du USGBC

La certification WELL prévoit quant à elle plusieurs Conditions préalables et Optimisations dans la catégorie Lumière : Aménagement des éclairages selon les rythmes circadiens, Contrôle de l’éblouissement solaire, Commandes automatiques d’ombrage et d’intensité d’éclairage, Droit à la lumière, Modélisation de lumière naturelle, Fenêtrage selon l’éclairage naturel. Certaines exigences sont similaires à celles de la certification LEED, toutefois les exigences pour l’éclairage en lien avec les rythmes circadiens sont nouvelles. Cette Condition préalable ‘’promeut des environnements lumineux propices à la santé circadienne’’ : 75% des postes de travail doivent avoir un équivalent lumière mélanopique (ELM) de 250 ou plus (les calculs peuvent incorporer la lumière naturelle). Les lumières dites plus chaudes, avec une plus grande longueur d’onde, sont plus efficaces. Un supplément d’information est disponible ici. 

Pour la certification Living Building Challenge, c’est l’Impératif Environnement intérieur sain qui prévoit les exigences en termes de lumière naturelle. Parmi les exigences de l’environnement sain, il faut fournir des vues et de la lumière naturelle pour 75% des espaces régulièrement occupés. Il est possible d’en apprendre davantage ici 

Il existe de nombreuses autres certifications dans le monde, tant pour les bâtiments commerciaux et institutionnels que pour les habitations, la plupart d’entre elles ont des exigences pour la lumière naturelle, que l’on pense à Green Globes, BREAM, HQE, etc.

Dans un contexte où l’industrie de la construction tente de plus en plus de réaliser des bâtiments très efficaces, le bien-être des occupants peut parfois s’en trouver bafoué. Il est important de garder en tête que nous construisons des bâtiments pour qu’ils soient habités. Évitons de répéter les erreurs du passé, pensons aux bâtiments construits en réponse à la crise du pétrole dans les années 70, plusieurs avaient un manque criant d’accès à la lumière naturelle.

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